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    Jean Albany

    Jean Alba­ny (1917 – 1984) était un poète et peintre réunion­nais. On lui doit l’in­ven­tion de la notion de “créo­lie”. Après de brillantes études en France métro­po­li­taine à par­tir de 1937 (Doc­teur en droit, puis méde­cine et chi­rur­gie den­taire) et une mobi­li­sa­tion en 1942, il revien­dra sur son île de La Réunion natale, où il s’en­nuie­ra. L’homme let­tré aime Paris et son bouillon­ne­ment artis­tique. Il rejoin­dra La Réunion pour de courts séjours de vacances, au cours des­quels naî­tront des col­la­bo­ra­tions qui le tire­ront d’un cer­tain ano­ny­mat (avec l’as­so­cia­tion des écri­vains réunion­nais – l’A­DER, le poète Pier­rot Vidot, le musi­cien et com­po­si­teur Alain Péters). Alors qu’il pra­tique la chi­rur­gie den­taire rue Lepic à…

  • Culture réunionnaise,  Diggers,  Disques,  Industrie musicale,  Jazz,  Musiciens anonymes,  Musique,  Musique française,  Production musicale

    Entre Carrousel et Lézard Vert : un “rock tropical”

    Baba­ni Records, sous la super­vi­sion du DJ mau­ri­cien Avneesh Bacha a per­mis de sau­ve­gar­der, en les digi­ta­li­sant, les deux aven­tures musi­cales sin­gu­lières que repré­sentent La vie est un mys­tère du groupe Car­rou­sel, ain­si que d’un col­lec­tif de musi­ciens issu du pré­cé­dent, Lézard Vert. Lézard Vert germe dans l’es­prit du musi­cien Jean-Michel “Zoun” Toquet. Ce nom de Lézard Vert fait direc­te­ment allu­sion au célèbre “gecko de Mana­pa­ny” et à sa cou­leur sin­gu­lière, que Zoun aimait obser­ver. L’en­re­gis­tre­ment sort sur cas­sette audio en 1983. Il réunit de nom­breux musi­ciens, anciens com­pa­gnons de route d’A­lain Péters, comme Jean-Phi­lippe Bideau à la flûte, Ted­dy Bap­tiste à la gui­tare, Fran­çois “Kiki” Maria­pin aux tablas mais…

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    D’Angelo : l’éternel retour du vaudou

    Entre sacré et profane Michael Eugene Archer, D’An­ge­lo de son nom d’ar­tiste (pro­non­cer Dee-en-gelo) a mar­qué la musique popu­laire amé­ri­caine du tour­nant des années 2000, dis­til­lant une Soul Music recher­chée, qui rap­pelle à la fois les expé­riences psy­ché­dé­liques du Fun­ka­de­lic de George Clin­ton et du kid de Min­nea­po­lis, Prince. Pour­tant, seuls deux opus mar­que­ront sa jeune car­rière et influen­ce­ront plu­sieurs géné­ra­tions de musi­ciens (D’An­ge­lo dis­pa­raît des radars entre 2001 et 2013). D’An­ge­lo a cela de com­mun avec Prince qu’il est mul­ti-ins­tru­men­tiste et pro­duc­teur. Issu d’une famille pen­te­cô­tiste, son père est pas­teur et D’An­ge­lo a eu l’oc­ca­sion de rela­ter la désap­pro­ba­tion fami­liale quant à ses expé­riences artis­tiques. Par chance, sa mère…

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    SOLAR Records : de Chicago à Los Angeles

    Alors que je recher­chais des infor­ma­tions sur l’é­clo­sion du sous-genre Boo­gie (funk et/ou dis­co) à la fin des années 1970, je me suis attar­dé, certes par goût, sur Leon Syl­vers III. Leon Syl­vers est issu d’une grande famille musi­cale (d’où le nom du groupe fon­dé avec sa fra­trie, The Syl­vers). Leon Syl­vers a eu une large influence sur la musique popu­laire d’au­jourd’­hui (au-delà même de la Black Ame­ri­can Music), en par­ti­cu­lier sur le New Jack Swing dans les années 1990 et plus tard sur tous les reje­tons post-soul (com­ment ne pas écou­ter 24K Magic de Bru­no Mars sans pen­ser à Leon Syl­vers et à l’en­semble de la pro­duc­tion SOLAR ?). Les preuves…

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    La comète Soul Alice Clark

      La car­rière de cette native de Bed­ford-Stuy­ve­sant, Brook­lyn (New York), aura duré à peine quatre années, entre 1968 – 1972. Le reste de sa vie sera consti­tué de ce qui est l’a­va­tar de nom­breuses vies ter­restres : l’anonymat. Si aujourd’­hui, grâce aux réédi­tions du label pari­sien Wewant­sounds, Alice Clark béné­fi­cie d’une nou­velle popu­la­ri­té post­hume, ses disques ont tou­jours été un échec com­mer­cial. Si ce disque épo­nyme paru en 1972 chez Mains­tream Records est en train de deve­nir une réfé­rence, avec sa part d’au­ra mys­té­rieuse, son suc­cès pré­sent pour­rait pas­ser pour de l’i­ro­nie crue. Alice Clark impres­sionne par sa voix blues, que les grands écarts d’oc­tave n’im­pres­sionnent pas. D’al­bum oublié, pas­sé inaper­çu, le…

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    L’humeur d’Ike : Bring Back That Lovin’ Feelin’

    L’al­bum …To Be Conti­nued est le qua­trième opus solo du com­po­si­teur et arran­geur Isaac Hayes, paru en 1970. Il inau­gure une suite logique de chan­sons mi-par­lées, mi-chan­tées, les fameux Ike’s Raps. Du point de vue des com­po­si­tions, rien de très par­ti­cu­lier à noter, puisque comme dans Hot But­te­red Soul et bien d’autres, Isaac Hayes favo­rise des reprises, qui sont le ter­reau de ces inves­ti­ga­tions orches­trales et magis­trales. On y retrouve un cer­tain goût pour les com­po­si­tions Muzak de Burt Bacha­rach et Hal Blaine et c’est le fas­ci­nant puzzle (comme en écho à la pochette du disque) consti­tué par la piste Med­ley : Ike’s Mood I/You’ve Lost That Lovin’ Fee­lin’ qui retient…

  • Figures De La Soul,  Industrie musicale,  Motown,  Musique,  Production musicale,  Soul Music

    Divine Minnie Riperton

    En seule­ment cinq albums solo parus de son vivant, Min­nie Riper­ton aura mar­qué la période 1975 – 1979, pour­tant acquise aux tem­pos rapides et plus volon­tiers dis­co. Avec un ambi­tus épous­tou­flant, la colo­ra­tu­ra sopra­no maî­trise le registre dif­fi­cile et rarede “voix de sif­flet”. tech­nique peau­fi­née au Chi­ca­go’s Lin­coln Cen­ter sous la hou­lette de Marion Jef­fe­ry. Eprou­vée aux tech­niques d’o­pé­ra, sa voix s’é­tend sur quatre octaves. Sou­dai­ne­ment atteinte d’un can­cer du sein qui lui est diag­nos­ti­qué en 1976, elle est la pre­mière femme à par­ler ouver­te­ment de la mala­die et de sa masec­to­mie. Mal­gré la mala­die (le can­cer atteint déjà son sys­tème lym­pha­tique au moment du diag­nos­tic), Min­nie Riper­ton choi­sit de conti­nuer à…

  • Figures De La Soul,  Industrie musicale,  Jazz,  Musique,  Musique populaire,  Soul Music

    Chaka Khan : 1981, heure de gloire

    De Rufus au succès solo Cha­ka Khan aura été la meneuse cha­ris­ma­tique du groupe de R&B fun­ky Rufus, dopé par leur suc­cès (une com­po­si­tion offerte par le génie Ste­vie Won­der) Tell Me Some­thing Good. La divine Yvette Ste­vens (à l’é­tat civil), n’est pas tout à fait sépa­rée de Rufus mais elle opère déjà en solo. Et pour ce faire, en 1981, elle s’en­toure pour ce troi­sième opus de la crème des musi­ciens dont la spé­cia­li­té est un R&B qui conjugue sophis­ti­ca­tion et for­mat radio, autre­ment dit une qua­li­té mains­tream. Un casting parfait On y retrouve l’é­cos­sais fun­ky Hamish Stuart, co-lea­der avec Alan Gor­rie du fameux Ave­rage White Band, mais aus­si…

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    Stuff, Montreux 1978

    Stuff, c’est l’histoire d’un groupe ins­tru­men­tal mon­té sous la hou­lette du bas­siste Gor­don Edwards (à ne pas confondre avec Scott Edwards, autre émi­nent bassiste). Il réunit les flam­boyants ses­sion men Cor­nell Dupree (Don­ny Hatha­way, Are­tha Frank­lin, Cur­tis King Jr…), le gui­ta­riste de jazz Eric Gale, l’irremplaçable Steve Gadd à la bat­te­rie,  le pia­niste Richard Tee, pré­cé­dé un temps par Chris Parker. Leur pres­ta­tion témoigne de un mélange de sophis­ti­ca­tion, d’énergie et d’urgence. Urgence, car le groupe faillit man­quer ce concert par ce jour de cani­cule du 2 juillet 1976, qui vit leur vol pour la Suisse retar­dé au point de man­quer le sound­check : le groupe se bran­cha sans même savoir…

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    O. V. Wright : l’oublié de Memphis

    Over­ton Ver­tis Wright, connu par ses ini­tiales “OV” Wright, est un des dam­nés de la soul du Sud des États-Unis. Sa car­rière est sera aus­si courte que mou­ve­men­tée, mais il fixe­ra sur l’a­cé­tate de vinyle à jamais sa voix dont l’ex­pres­si­vi­té brute n’a d’é­gal que la dou­leur qu’elle évoque. Éle­vé par sa mère dans les envi­rons de Mem­phis, il reçoit une édu­ca­tion reli­gieuse et dès l’âge de 6 ans il fait par­tie de la cho­rale gos­pel de sa paroisse. L’en­fant pro­dige vole la vedette au prêtre : les fidèles se mettent davan­tage sur leur trente et un par hom­mage au fils prodigue. Des immondices à la grace A 17 ans, il sur­vit…