• Musique

    Alain Péters : le temps prend pas dessus

    Alain Péters, le musi­cien aux semelles de vent (Gil­bert Pou­nia, meneur de Zis­ka­kan, se plaît à le com­pa­rer à Rim­baud), n’a jamais été aus­si connu et loué qu’au­jourd’­hui. De son vivant, son œuvre n’ex­cé­dait pas les fron­tières phy­siques du lit­to­ral réunion­nais : il était pour ain­si dire, incon­nu du grand public. Il faut dire que cette der­nière révèle en fili­grane un carac­tère chao­tique, impré­vi­sible : chaque coup d’é­clat est sou­vent lié à une ren­contre, qui agit comme un déclen­cheur de l’ac­cou­che­ment des esprits. Qu’il s’a­gisse de Jean Alba­ny, le poète de la “créo­lie”, de Loy Ehr­lich le mul­ti-ins­tru­men­tiste, de Pier­rot Vidot, de l’ad­mi­ra­teur Jean-Marie Pirot (décé­dé il y a quelques mois) ou…

  • Diggers,  Industrie musicale,  Musique,  Musique populaire,  Soul Music

    Un concert inédit de Bobby Caldwell

    Un vidéaste, George Mon­tei­ro, vient de mettre en ligne sur You­Tube un live inti­tu­lé “Love on the Beach” (tout un pro­gramme !) sur les plages de Mia­mi. Bob­by Cald­well y fait sa pre­mière appa­ri­tion scé­nique filmée. Aux images d’un chan­teur de blue-eyed soul engon­cé dans ses cos­tumes trois-pièces qu’il devien­dra, s’op­pose cette pres­ta­tion scé­nique fran­che­ment assu­rée par un Bob­by Cald­well à cas­quette et jeans, prou­vant des capa­ci­tés gui­ta­ris­tiques insoup­çon­nées. Un groupe de quatre membres (gui­tare, cla­viers, bat­te­rie, basse) auquel s’ad­joint une sec­tion de trois cuivres, prouve sa cohé­sion musi­cale autour d’un superbe What You Won’t Do For Love. Un groove si appré­cié qu’il est repris régu­liè­re­ment à grands coups d’é­chan­tillon­nage (hip…

  • Figures De La Soul,  Industrie musicale,  Motown,  Musique,  Musique populaire,  Production musicale,  Soul Music

    For Once in my Life / Stevie Wonder

    Ce texte était initialement écrit pour le projet de frise 1967 – 2017 : 50 ans ! élaboré par le réseau des bibliothèques parisiennes. Etant donné que l’album est sorti en 1968, il a été retiré du projet discographique. Je vous le propose tel quel, volontairement concis. Ste­vie Won­der For Once in my Life Cet album est déjà le neu­vième pour celui qu’on appe­lait encore un an aupa­ra­vant « Lit­tle Ste­vie Won­der », à tout juste 18 ans. Fer de lance de lance des stu­dios Motown de Ber­ry Gor­dy, aux côtés des Supremes menées par Dia­no Ross, Ste­vie Won­der démontre aus­si son grand talent de mul­ti-ins­tru­men­tiste, s’installant volon­tiers der­rière la bat­te­rie, maniant l’harmonica en vir­tuose…

  • Cinéma,  Diggers,  Exploitation,  Hip Hop,  Industrie musicale,  Motown,  Musiciens anonymes,  Musique,  Musique populaire,  Production musicale

    La “Library Music” comme genre musical

    Libra­ry music gives us a pic­ture of the way day-to-day music soun­ded decades ago. Rien à voir avec les biblio­thèques, mais un peu quand même. Plu­tôt, il y a à voir avec la notion de col­lec­tion. La “Libra­ry Music” a été un modèle de déve­lop­pe­ment éco­no­mique de l’in­dus­trie musi­cale bri­tan­nique qui connut ses heures glo­rieuses des années 1960 aux années 1980. Il s’a­gis­sait pour les pro­duc­teurs de ces entre­prises de recher­cher les musi­ciens de stu­dios les plus idoines pour concoc­ter les bandes-son de films, télé­films, séries, TV, géné­riques TV en tous genres, et d’en consti­tuer un richis­sime catalogue. On l’ap­pelle donc lit­té­ra­le­ment Musique de biblio­thèque. Un genre qui jouxte l’é­di­tion musi­cale pho­no­gramme…

  • Afro-Beat,  Jazz,  Musique

    Bembeya Jazz National, un demi-siècle de jazz guinéen

    C’est l’or­chestre le plus popu­laire de la Répu­blique démo­cra­tique de Gui­née fon­dée sous la pré­si­dence d’Ah­med Sekou Tou­ré 2 octobre 1958. Pour mémoire, le pays avait radi­ca­le­ment rom­pu les rela­tions diplo­ma­tiques avec la France colo­niale qui s’é­tio­lait sous De Gaulle. Dans ce contexte de “renais­sance” et dans un élan d’op­ti­miste, le Bem­beya Jazz Natio­nal voit le jour, consti­tué de vir­tuoses, sous la forme d’un big band à la ryth­mique élec­trique : tous ses musi­ciens étaient donc des fonc­tion­naires (croyez que ceux-là n’a­vaient rien d’oi­sifs). Une ins­ti­tu­tion qui dépas­se­ra l’A­frique post-colo­niale en expor­tant ses pro­duc­tions dans les ter­ri­toires francophones. C’est sous la hou­lette de Sekou Dia­ba­té, alias “Dia­mond Fin­gers” que cette for­ma­tion…

  • Basse,  Funk,  Motown,  Musique,  Soul Music

    Robert Palmer

    Je ne pou­vais m’empêcher de par­ler un peu de Robert Pal­mer. Mon enfance mar­quée par l’ins­tru­men­ta­tion de John­ny & Mary pour la publi­ci­té des auto­mo­biles Renault 9 et 11 en 1987 ain­si que l’illus­tra­tion sonore pour la bière Hei­ne­ken avec Eve­ry Kin­da People (excellent titre par ailleurs) ne m’a­vaient pas lais­sé ima­gi­ner la créa­ti­vi­té et la mul­ti­pli­ci­té des genres musi­caux qu’il avait appro­chés et dans les­quels il avait, in fine, sou­vent excellé. Et puis, en fan des Meters de la Nou­velle-Orléans, ces par­rains du funk dépouillé qui puisent aux racines blues maré­ca­geuses, j’ai réa­li­sé qu’ils avaient par­ti­ci­pé à l’al­bum du bri­tan­nique Robert Pal­mer Snea­kin’ Sal­ly Through the Alley en 1974.…

  • Basse,  Batteur,  Contrebasse,  Figures De La Soul,  Musique,  Soul Music

    Average White Band : Scot-Soul

    AWB, ce sont d’a­bord deux gueules. Il y a d’a­bord cette voix arrière-gut­tu­rale qui cherche le timbre d’un sax ou peut-être bien celui d’un chat de gout­tière. Oui, c’est le roux Hamish Stuart qui fait l’as­cen­seur entre ses deux octaves. Un voix souple, ronde, jamais nasillarde, presque fémi­nine. Il y a cette com­plé­men­ta­ri­té presque impos­sible à déter­mi­ner, à contin­gen­ter. Oui, Hamish Stuart et Alan Gor­rie forment un duo de lea­ders, alter­nant les cou­plets et leurs ins­tru­ments. Gor­rie à la voix plus écor­chée, Stuart est plus soul. Roger Ball (saxophone/claviers) les aide à char­pen­ter ces mor­ceaux issus de thèmes bro­dés pen­dant des jam ses­sions. L’exemple de School­boy Crush est par­fait à…

  • Basse,  Figures De La Soul,  Histoire de basses,  Musique,  Rock

    Gimme Five

    Je remer­cie Ber­nard Viguié, bas­siste (Les Inno­cents, Tho­mas Fer­sen et tant d’autres) qui a répon­du à mes ques­tions avec sympathie. Ce site reflé­tant mes goût musi­caux tou­jours en évo­lu­tion mais suf­fi­sam­ment ancrés sur la période 1960/1970, il en résulte que les allu­sions à la basse reviennent qua­si­ment tou­jours à la “Fen­der Bass”. Pour­tant, il se pro­duit au début des années 1980 une muta­tion qu’au­cune firme pro­dui­sant des basses élec­triques de façon indus­trielle, il me semble, n’a anti­ci­pée. Pas même Fen­der. Il s’a­git de l’ex­ten­sion du registre de la basse élec­trique vers les “très graves”. Jus­qu’i­ci, on se conten­tait géné­ra­le­ment de des­cendre sa corde de Mi en Ré, comme par exemple James…

  • Basse,  Disques,  Figures De La Soul,  Histoire de basses,  Motown,  Musique

    Un entretien avec James Jamerson (1979)

    On a sou­vent exa­gé­ré les pro­pos de James Jamer­son (1936 – 1983), tant il existe actuel­le­ment peu de sources et par consé­quent, une recru­des­cence d’af­fa­bu­la­tions, aus­si fan­tai­sistes les unes que les autres. Pour les dis­si­per un peu, je vous pro­pose une tra­duc­tion de l’in­ter­view de 1979 accor­dée au maga­zine Gui­tar Player, qui donne voix au cha­pitre au maître de la basse soul. Eton­nant, pas tant par le peu de révé­la­tions qu’il com­porte, mais par le témoi­gnage d’un bas­siste un peu amer – qui à l’é­poque n’est plus à la mode – et rend compte d’une vision très stricte et tra­di­tion­na­liste du rôle de bas­siste. Fina­le­ment, de quoi par­ti­ci­per encore un peu plus…

  • Basse,  Donny Hathaway,  Figures De La Soul,  Musique

    Phil Upchurch

    Il est impos­sible de négli­ger l’ap­port et le rôle de Phil Upchurch dans la musique afro-amé­ri­caine, dans la soul, le gos­pel, le blues, le jazz. À la fois bas­siste et gui­ta­riste, aus­si à l’aise et raf­fi­né sur les deux ins­tru­ments, il perce en 1961 avec le Phil Upchurch Com­bo et son You can’t sit down. Petite mer­veille de fac­ture clas­sique rhythm & blues, le titre consiste en un dia­logue ins­tru­men­tal entre la gui­tare, un orgue ham­mond déchaî­né et une basse, un saxophone. Fait anec­do­tique ou décou­verte déci­sive, c’est l’é­coute de la basse de Phil Upchurch sur ce disque qui décide John Bald­win, futur “John Paul Jones”, musi­cien de stu­dio bri­tan­nique…