La troupe de Deschamps et Makéieff dynamite Chaillot
C’est arrivé près de chez vous, salle Jean Vilar ! Une pièce dans l’esprit loufoque qui a habité nombre de leurs spectacles (Les pieds dans l’eau, Lapin Chasseur) mais aussi leurs productions pour la télévision (les mythiques Deschiens, mais aussi Qui va m’aimer ?) dont on peut regretter qu’elles ne trouvent plus de créneau dans le vomi télévisuel à 300 chaînes numériques.
Revenons à nos artistes. Salle des fêtes reprend les avatars de la culture populaire, se situant nettement dans l’héritage du comique de situation (dynamisé par une gestuelle, du chant, des instruments, une gouaille certaine, voire des gueulantes) de Jacques Tati, dont, rappelons-le, Jérôme Deschamps est l’ayant-droit et défend la diffusion de son œuvre tambour battant.
Le rideau se lève donc sur le décor flatteur aux couleurs pop d’une salle des fêtes, le Macumba : côté jardin, un zinc auquel officie la directrice (Lorella Cravotta, toujours aussi pétulante, à coups de “aloooooors!”) de cette entreprise organisatrice de “soirées prestiges”, jamais à court d’annonces téléphonées. Côté cour, un micro disposé façon radio-crochet et deux portes de sortie battantes. Au centre, la place de l’orchestre : une batterie d’enfant bon marché de la taille d’une “jazzette” (petite batterie de jazz), de petits amplis Vox. La petite troupe passe en revue les clichés de la musique en “hits” (des Rita Mitsouko – dont la chorégraphie de Marcia Baila est ici parfaitement émulée, dans toute son excentricité originale – à Dalida en passant par Nirvana et les Bee Gees…). À coups de riffs de guitare (par le talentueux jazzman limousin Gaël Rouilhac, ici en post-ado chevelu de la salle des fêtes) tandis qu’une sorte de Joan Baez incarnée par Catherine Gavry nous offre quelques ballades récréatives au milieu de ce déluge gestuel et sonore.
Hervé Lassïnce fait preuve également d’un grand talent d’interprétation, du jeune à poncho style Manu Chao en passant par l’ouvrier maghrébin en plein quiproquo avec madame Cravotta (ça bredouille en pidgin pseudo-arabisant : “Weshlele le plancher, awalla arwah Leroy-Merlin!!!”). David Déjardin s’y révèle dans une qualité d’interprétation habitée et convaincue (à couper le souffle, mais pas le rire!), et Tiphanie Bovay-Klameth, venue de la scène suisse, y campe une femme de ménage abusée par madame Cravotta, patronne imbuvable et sadique. Cruauté qu’elle projette avec la même volonté pernicieuse sur le personnage le plus loufoque de l’espace scénique joué par Pascal Ternisien, toujours à la recherche de son “Minouuuu?! Minouuuu?!”.
Allez, suffit, j’en ai déjà trop dit ! Si vous voulez connaître le sort de Minou, découvrir ce laboratoire de numéros décalés et rire un bon coup, le spectacle est à l’affiche au Théâtre de Chaillot jusqu’au 16 mai 2009 !
Liens :
Interviews de Jérôme Deschamps et Macha Makéieff : evene.fr, Premiere