Le patibulaire Viktor Iouchtchenko, chef de l’État ukrainien vient de porter aux nues le collaborationniste Stepan Bandera (1909 – 1959). Il n’avait sans doute pas rêvé meilleure sortie politique. Peut-être une irrésistible envie de danser le “Nazi Rock” ?

Je n’ai pas particulièrement eu écho de cette sinistre affaire (si la presse nationale en a parlé, merci de me le signaler), n’eussé-je cherché quelque information d’après une notice conservée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). En effet, le président ukrainien a décidé de lui conférer le statut, ou plutôt la « dignité » de « héros d’Ukraine » ce 22 janvier 2010. On le verrait plutôt au sommet du Golgotha, le retour cyclique des temps troubles a joué hélas en sa faveur. Décidément sans culpabilité, remarquable dans une obscénité éclatante, le gouvernement ukrainien va jusqu’à faire imprimer des timbres postaux à l’effigie de celui qui, après avoir organisé le meurtre d’un ministre polonais en 1934, collabora avec l’armée allemande (qui venait de le libérer de sa geôle) en proposant les services de son propre bataillon ukrainien baptisé (tenez-vous bien) “Nachtigall” (rossignol), partie prenante de la Légion ukrainienne.
Cette réhabilitation (enfin, l’a‑t-on un jour réellement désavoué ?) d’une des figures aux prémices du nationalisme toujours prégnant en Ukraine ne semble pas émouvoir les “grandes démocraties”. Comble, c’est d’une des autoproclamées démocraties les plus douteuses de l’ Europe occidentale que vient l’indignation : la Fédération de Russie.
La victoire du non moins véreux Ianoukovitch (son « Parti des régions » – notez ici la hauteur politique – est propulsé par la manne financière de la holding System Capital Management, contrôlée par Akhmetov) contre la duchesse des gazoducs Ioulia Tymochenko (« centre-droit », notion assez différente de ce qui existe chez nous) n’augure rien de bon à l’Est.
On le sait depuis longtemps, le journal de la défunte Anna Politkovskaïa nous le confirmait : la scène politique russe a recyclé avec succès sa bureaucratie d’apparatchiks en mafieux constituant une multitude de droites (inspirées et zélées jusqu’à racheter ou fabriquer leurs propres centre-gauches fantoches, voyez peut-être là une des inspirations de notre prestigieux parti-pieuvre français.
