Le dyptique Farrebique/Biquefarre : Georges Rouquier
Je viens de me visionner à nouveau le Farrebique, de Georges Rouquier (découvert en lisant Marc Ferro).
Entre 1944 et 1945, il est allé mettre en scène et filmer les paysans du milieu dont il est issu, dans le Rouergue. Qu’on ne s’y meprenne pas : bien qu’ayant un style documentaire, il s’agit d’une “fiction réaliste” jouée par des non-comédiens. Trois générations vivent sous le même toit de ferme : Farrebique, et l’on partage la maisonnée avec “Le Fabre” et sa fille, la “Fabrette”. Tous les aspects d’une paysannerie disparue y sont illustrés : labour à la force des bœufs au joug, travail du blé, préparation et cuisson de pains (ces divines nourritures, au même titre que ces poires succulentes dont Guy Debord fit la nécrologie, citant l’admiration et la passion de Fourier pour ce fruit), organisation familiale, religion, père patriarche… Non seulement un magnifique document d’histoire sociale du milieu rural et agraire, mais aussi une profonde mise en scène naturaliste (réintroduction des éléments des processus de développement de la nature dans l’observation humaine : de superbes plans caméra sur les germinations, les insectes, le mouvement du soleil… qui en font également un documentaire estimable et pionnier sur la nature).
Vous trouverez ici quelques petites infos techniques .
Me reste à voir Biquefarre, du même Georges Rouquier, filmé au même endroit quelque 44 ans plus tard. Je signale également le petit livre de Dominique Auzel publié dans la Petite Bibliothèque des Cahiers du Cinéma.