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Charles Wright & the Watts 103rd Street Rhythm Band
“Exprime-toi !” Tel est l’hymne de ce groupe relativement éphémère, puisqu’il ne produira que trois albums entre 1967 et 1969. Charles Wright, natif du Mississippi qui migra en Californie à l’âge de 12 ans, poursuivra sa carrière de chanteur en solo. Pourtant, le groupe qui l’accompagne, le Watts 103rd Street Rhythm Band (en référence au célèbre quartier afro-américain qui entra en rébellion en août 1965), laisse une empreinte particulièrement forte sur la musique du début des années 1970. Le noyau du groupe, composé de Benorce Blackmon à la guitare, Melvin Dunlop à la basse et James Gadson à la batterie, se fait remarquer : ils épauleront Bill Withers lors de son…
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Chaka Khan : 1981, heure de gloire
De Rufus au succès solo Chaka Khan aura été la meneuse charismatique du groupe de R&B funky Rufus, dopé par leur succès (une composition offerte par le génie Stevie Wonder) Tell Me Something Good. La divine Yvette Stevens (à l’état civil), n’est pas tout à fait séparée de Rufus mais elle opère déjà en solo. Et pour ce faire, en 1981, elle s’entoure pour ce troisième opus de la crème des musiciens dont la spécialité est un R&B qui conjugue sophistication et format radio, autrement dit une qualité mainstream. Un casting parfait On y retrouve l’écossais funky Hamish Stuart, co-leader avec Alan Gorrie du fameux Average White Band, mais aussi…
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George Duke : le bâton du duc
Il est l’homme au sourire éternel. Le keytariste émérite. Le pianiste de jazz coupable de délit de funk music. La scène jazz lui reproche de s’abaisser à une musique trop lisse, sinon insipide et commerciale. Lui s’en fout, il est heureux, il brille. Le Japon l’acclame. En 1983, star incontestée au Pays du soleil levant, il emmène un casting de pointures (Paul Jackson à la guitare, Louis Johnson à la basse, Steve Ferrone à la batterie) pour des concerts magistraux. Il est bien plus que le musicien. Il est LE maître de cérémonie. Le Duc. Celui d’après Ellington : le Duc électronique au sceptre, son Dukey Stick (une des titres les…
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Qui est donc “Pa Sucordoze” ?
À propos d’un air de Jules Arlanda Voilà un nom qui ne dira pas grand chose au profane. À La Réunion, ceux qui connaissent et chantonnent le plus grand succès de Jules Arlanda (1923 – 2010) interprété par Pierrette Payet, Quand li mett’ son moulure (en français “quand il met ses beaux souliers”, autrefois connue sous le titre Ti Roger), connaissent l’expression qui ponctuent le refrain mélancolique (c’est bien un regard sur le passé des bals la poussière qui est porté) : “Comme dans l’temps Pa Sucordoze”. Sorti de l’imaginaire de Georges Fourcade C’est dans le théâtre de saynètes du chansonnier Georges Fourcade (1884 – 1962) que je suis allé chercher l’origine de cette…
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Basse, Clavier, Figures De La Soul, Funk, Hip Hop, Industrie musicale, Jazz, Musique, Musique populaire, Pianiste, Production musicale, Soul Music
Patrice Rushen : don’t forget her not(e)s
C’est à seulement 19 ans que Patrice Louise Rushen publie son premier album de jazz groovy, intitulé Prelusion, en 1974 chez Prestige Records. Des débuts jazz précoces Un album entièrement instrumental, qui reprend la figure de l’odyssée groovy, comme ont pu le faire quelques années auparavant l’organiste Jimmy Smith (pensons au mémorable Roots Down) ou Grant Green sur son groovy Live at the Lighthouse, voire même le Kool Jazz de Kool and The Gang. Pour ce qui est des musiciens présents sur l’album, tenez-vous bien, le casting est de qualité : Patrice Rushen – voix, piano, piano électrique Rhodes, synthétiseur ARP, clavinet Tony Dumas – basse électrique, contrebasse Leon “Ndugu” Chancler –…
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Je l’appelais Morgan
Tel est le titre du film documentaire de Kasper Collin consacré à l’incroyable musicien qu’était Lee Morgan : I Called Him Morgan. Morgan, génie des pistons, alchimiste du hard bop jusqu’en 1972, où il trouve la mort sous les balles de son épouse Helen, folle de jalousie. Lee Morgan avait alors l’âge christique : 33 ans. La trame narrative de ce film documentaire est guidée par les entrevues enregistrées par Larry Reni Thomas, enregistrées en 1995 et 1996. Thomas, alors enseignant en arts, s’est trouvé ébahi d’avoir parmi ses élèves une femme âgée du nom de Morgan et de découvrir qu’elle était la femme du musicien. Veuve et assassin à la fois, puisqu’elle…
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Art, Danse, Disques, Figures De La Soul, Graphisme, Marvin Gaye, Motown, Musique, Musique populaire, Soul Music
Ernie Barnes
Le peintre Ernie Barnes (1938 – 2009) a illustré plusieurs albums emblématiques des années 1970. Ainsi, son Sugar Shack a marqué les esprits, en devenant l’illustration de pochette de l’album I Want You de Marvin Gaye, en 1976. Ce thème nous permet d’aborder une relation assez rare et singulière entre le monde des arts et le sport. Un sportif visuel Ernie Barnes était autant athlète qu’artiste visuel. Talent pluriel, il a joué de surcroît à haut niveau en intégrant de prestigieuses équipes de football américain (Baltimore, New York, San Diego, Denver… avant de mettre le cap sur le Canada pour achever sa carrière sportive). Déségrégation et engagement artistique Les prémices de…
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Basse, Contrebasse, Disques, Gainsbourg, Industrie musicale, Musiciens anonymes, Musique, Musique populaire, Production musicale, Psychédélique, Rock
Dave Richmond, bassiste de Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg
J’ai creusé cette affaire pendant plus de dix années. En l’absence totale de crédits d’interprétation (le livret est mutique), de nombreuses hypothèses ont circulé sur l’identité des musiciens assurant la rythmique de Histoire de Melody Nelson, ce flop commercial passé inaperçu en 1971 mais porté aux nues dès les années 1990 pour atteindre le statut “cultissime” dans les années 2000. Or, en 2011, à l’occasion de recherches iconographiques pour l’illustration d’un coffret, des photographies de Gainsbourg au studio Marble Arch ont refait surface. Il s’agit des clichés réalisés et conservés par Tony Frank destinés à illustrer le livret de l’album. Point de Herbie Flowers, mais un Gainsbourg donnant des…
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Fania All Stars : la clique du Spanish Harlem au Yankee Stadium
Fania Records a récemment été intégré au catalogue de V2 Music qui republie avec bonheur les vinyles (de belle qualité, des galettes de 180g d’acétate, à prix raisonnable) du sensationnel label des ambassadeurs musicaux de Porto Rico à New York. Aujourd’hui, nous accueillons sur nos platines l’excellent concert en deux volumes des “Fania All Stars” publié en 1975, Fania All Stars Live at Yankee Stadium : un concert géant, sur le mode de la “revue musicale” comme chez Stax ou Motown (un enjeu : faire découvrir en un grand concert bien huilé un maximum d’artistes interprètes du catalogue). Parmi les interprètes, on retrouve Ray Barretto, Willie Colón, Edwin Tito Asencio Rubén Blades, Larry…
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Un concert inédit de Bobby Caldwell
Un vidéaste, George Monteiro, vient de mettre en ligne sur YouTube un live intitulé “Love on the Beach” (tout un programme !) sur les plages de Miami. Bobby Caldwell y fait sa première apparition scénique filmée. Aux images d’un chanteur de blue-eyed soul engoncé dans ses costumes trois-pièces qu’il deviendra, s’oppose cette prestation scénique franchement assurée par un Bobby Caldwell à casquette et jeans, prouvant des capacités guitaristiques insoupçonnées. Un groupe de quatre membres (guitare, claviers, batterie, basse) auquel s’adjoint une section de trois cuivres, prouve sa cohésion musicale autour d’un superbe What You Won’t Do For Love. Un groove si apprécié qu’il est repris régulièrement à grands coups d’échantillonnage (hip…