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Charles Wright & the Watts 103rd Street Rhythm Band
“Exprime-toi !” Tel est l’hymne de ce groupe relativement éphémère, puisqu’il ne produira que trois albums entre 1967 et 1969. Charles Wright, natif du Mississippi qui migra en Californie à l’âge de 12 ans, poursuivra sa carrière de chanteur en solo. Pourtant, le groupe qui l’accompagne, le Watts 103rd Street Rhythm Band (en référence au célèbre quartier afro-américain qui entra en rébellion en août 1965), laisse une empreinte particulièrement forte sur la musique du début des années 1970. Le noyau du groupe, composé de Benorce Blackmon à la guitare, Melvin Dunlop à la basse et James Gadson à la batterie, se fait remarquer : ils épauleront Bill Withers lors de son…
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Jean Albany
Jean Albany (1917 – 1984) était un poète et peintre réunionnais. On lui doit l’invention de la notion de “créolie”. Après de brillantes études en France métropolitaine à partir de 1937 (Docteur en droit, puis médecine et chirurgie dentaire) et une mobilisation en 1942, il reviendra sur son île de La Réunion natale, où il s’ennuiera. L’homme lettré aime Paris et son bouillonnement artistique. Il rejoindra La Réunion pour de courts séjours de vacances, au cours desquels naîtront des collaborations qui le tireront d’un certain anonymat (avec l’association des écrivains réunionnais – l’ADER, le poète Pierrot Vidot, le musicien et compositeur Alain Péters). Alors qu’il pratique la chirurgie dentaire rue Lepic à…
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Culture réunionnaise, Diggers, Disques, Industrie musicale, Jazz, Musiciens anonymes, Musique, Musique française, Production musicale
Entre Carrousel et Lézard Vert : un “rock tropical”
Babani Records, sous la supervision du DJ mauricien Avneesh Bacha a permis de sauvegarder, en les digitalisant, les deux aventures musicales singulières que représentent La vie est un mystère du groupe Carrousel, ainsi que d’un collectif de musiciens issu du précédent, Lézard Vert. Lézard Vert germe dans l’esprit du musicien Jean-Michel “Zoun” Toquet. Ce nom de Lézard Vert fait directement allusion au célèbre “gecko de Manapany” et à sa couleur singulière, que Zoun aimait observer. L’enregistrement sort sur cassette audio en 1983. Il réunit de nombreux musiciens, anciens compagnons de route d’Alain Péters, comme Jean-Philippe Bideau à la flûte, Teddy Baptiste à la guitare, François “Kiki” Mariapin aux tablas mais…
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D’Angelo : l’éternel retour du vaudou
Entre sacré et profane Michael Eugene Archer, D’Angelo de son nom d’artiste (prononcer Dee-en-gelo) a marqué la musique populaire américaine du tournant des années 2000, distillant une Soul Music recherchée, qui rappelle à la fois les expériences psychédéliques du Funkadelic de George Clinton et du kid de Minneapolis, Prince. Pourtant, seuls deux opus marqueront sa jeune carrière et influenceront plusieurs générations de musiciens (D’Angelo disparaît des radars entre 2001 et 2013). D’Angelo a cela de commun avec Prince qu’il est multi-instrumentiste et producteur. Issu d’une famille pentecôtiste, son père est pasteur et D’Angelo a eu l’occasion de relater la désapprobation familiale quant à ses expériences artistiques. Par chance, sa mère…
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SOLAR Records : de Chicago à Los Angeles
Alors que je recherchais des informations sur l’éclosion du sous-genre Boogie (funk et/ou disco) à la fin des années 1970, je me suis attardé, certes par goût, sur Leon Sylvers III. Leon Sylvers est issu d’une grande famille musicale (d’où le nom du groupe fondé avec sa fratrie, The Sylvers). Leon Sylvers a eu une large influence sur la musique populaire d’aujourd’hui (au-delà même de la Black American Music), en particulier sur le New Jack Swing dans les années 1990 et plus tard sur tous les rejetons post-soul (comment ne pas écouter 24K Magic de Bruno Mars sans penser à Leon Sylvers et à l’ensemble de la production SOLAR ?). Les preuves…
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La comète Soul Alice Clark
La carrière de cette native de Bedford-Stuyvesant, Brooklyn (New York), aura duré à peine quatre années, entre 1968 – 1972. Le reste de sa vie sera constitué de ce qui est l’avatar de nombreuses vies terrestres : l’anonymat. Si aujourd’hui, grâce aux rééditions du label parisien Wewantsounds, Alice Clark bénéficie d’une nouvelle popularité posthume, ses disques ont toujours été un échec commercial. Si ce disque éponyme paru en 1972 chez Mainstream Records est en train de devenir une référence, avec sa part d’aura mystérieuse, son succès présent pourrait passer pour de l’ironie crue. Alice Clark impressionne par sa voix blues, que les grands écarts d’octave n’impressionnent pas. D’album oublié, passé inaperçu, le…
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L’humeur d’Ike : Bring Back That Lovin’ Feelin’
L’album …To Be Continued est le quatrième opus solo du compositeur et arrangeur Isaac Hayes, paru en 1970. Il inaugure une suite logique de chansons mi-parlées, mi-chantées, les fameux Ike’s Raps. Du point de vue des compositions, rien de très particulier à noter, puisque comme dans Hot Buttered Soul et bien d’autres, Isaac Hayes favorise des reprises, qui sont le terreau de ces investigations orchestrales et magistrales. On y retrouve un certain goût pour les compositions Muzak de Burt Bacharach et Hal Blaine et c’est le fascinant puzzle (comme en écho à la pochette du disque) constitué par la piste Medley : Ike’s Mood I/You’ve Lost That Lovin’ Feelin’ qui retient…
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Divine Minnie Riperton
En seulement cinq albums solo parus de son vivant, Minnie Riperton aura marqué la période 1975 – 1979, pourtant acquise aux tempos rapides et plus volontiers disco. Avec un ambitus époustouflant, la coloratura soprano maîtrise le registre difficile et rarede “voix de sifflet”. technique peaufinée au Chicago’s Lincoln Center sous la houlette de Marion Jeffery. Eprouvée aux techniques d’opéra, sa voix s’étend sur quatre octaves. Soudainement atteinte d’un cancer du sein qui lui est diagnostiqué en 1976, elle est la première femme à parler ouvertement de la maladie et de sa masectomie. Malgré la maladie (le cancer atteint déjà son système lymphatique au moment du diagnostic), Minnie Riperton choisit de continuer à…
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Chaka Khan : 1981, heure de gloire
De Rufus au succès solo Chaka Khan aura été la meneuse charismatique du groupe de R&B funky Rufus, dopé par leur succès (une composition offerte par le génie Stevie Wonder) Tell Me Something Good. La divine Yvette Stevens (à l’état civil), n’est pas tout à fait séparée de Rufus mais elle opère déjà en solo. Et pour ce faire, en 1981, elle s’entoure pour ce troisième opus de la crème des musiciens dont la spécialité est un R&B qui conjugue sophistication et format radio, autrement dit une qualité mainstream. Un casting parfait On y retrouve l’écossais funky Hamish Stuart, co-leader avec Alan Gorrie du fameux Average White Band, mais aussi…
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Stuff, Montreux 1978
Stuff, c’est l’histoire d’un groupe instrumental monté sous la houlette du bassiste Gordon Edwards (à ne pas confondre avec Scott Edwards, autre éminent bassiste). Il réunit les flamboyants session men Cornell Dupree (Donny Hathaway, Aretha Franklin, Curtis King Jr…), le guitariste de jazz Eric Gale, l’irremplaçable Steve Gadd à la batterie, le pianiste Richard Tee, précédé un temps par Chris Parker. Leur prestation témoigne de un mélange de sophistication, d’énergie et d’urgence. Urgence, car le groupe faillit manquer ce concert par ce jour de canicule du 2 juillet 1976, qui vit leur vol pour la Suisse retardé au point de manquer le soundcheck : le groupe se brancha sans même savoir…