Joe Osborn
OK, vous connaissez le parti-pris de ce lieu d’expression : parler de bassistes qui parlent peu ! Plutôt que de l’agité des harmoniques, parler du bassiste assis au fond de la cabane qui sert de studio, là-bas vautré sur la chaise, un cendar’ à ses pieds ! Bref, le bassiste au service de la musique, pas de son ego…
Pour notre homme du jour, le quart de disque qui lui revient, part certes relative, est cependant à élever à l’exposant de son talent (moi qui ai toujours été un désastre mathématique). Joe Osborn, je ne peux même pas en dire plus. C’est un jeu qui ne se commente pas, il se goûte. À l’époque, il est dans les starting-blocks des bassistes prêts à enchaîner session sur session pour des dollars. Son style, qui vint agrémenter notamment les mélodies pop-folk de Simon & Garfunkel (Bridge over Troubeld Water, 1970), n’est pas si éloigné de celui de Carol Kaye : grosse basse Fender (une Jazz Bass “stacked knob” comme Fender les fabriquait entre 1960 – les prototypes, voir Herbie Flowers et son modèle de 1959 sur le site de Curtis Novak –, c’est-à-dire avec deux potentiomètres étagés, présentant chacun volume et tonalité par micro magnétique ; cette basse est celle de la photo ci-dessous), et attaque puissante au médiator sur des cordes à filet plat (comme Jamerson, il prétend ne jamais les avoir changées en vingt ans !), tel un boxeur dans les cordes du ring musical.
En voici un portrait succinct en vidéo.
httpv://www.youtube.com/watch?v=FCQx3R_V0p0&feature=related
Le côté plus brut de décoffrage peut être analysé à travers le background musical de l’homme-basse, la country (il accompagna notamment James Burton) en fait un bassiste plus franc et sans chichis, comparé à une Kaye volontiers plus jazzy et à une James Jamerson auquel personne ne se mesure (“il pouvait entendre une autre pulsation dans sa tête !” s’exclame Nate Watts, bassiste émérite de Stevie Wonder dans le film Standing in the Shadows of Motown).
Joe Osborn, si peu connu soit-il du grand public, prête son nom à une ligne d’instruments de la marque Lakland, très inspirée de la Fender Jazz Bass. Curiosité : alors qu’on n’a jamais vu l’homme avec une basse à cinq cordes (tessiture élargie au Si grave), un modèle de ce genre porte sa signature !
Allez, je me tais. Musique !
httpv://www.youtube.com/watch?v=SBEomCtCujw