Gil Scott-Heron : une volonté libre
Le grand poète et musicien soul-jazz Gil Scott-Heron, qui vient de fêter ses 60 ans, sera sur les planches du New Morning ce 28 juillet 2009. Ne vous ruez pas pour acheter votre place : c’est déjà complet ! [rectification : la date parisienne a été simplement annulée pour des raisons que j’ignore]
Fils d’une bibliothécaire et d’un footballeur jamaïcain, petit-fils d’une grand-mère qui milita pour le Mouvement des droits civiques, Gil Scott-Heron a commencé par scander ses “Small talks” en 1970 (on lui attribue par conséquent, et peut-être un peu abusivement, l’épithète d’ “instigateur du rap”), sur fond de soul-jazz (difficile à définir, mais ce mélange percussif de piano, basse, Fender Rhodes, percussions, cuivres préfigure probablement l’acid jazz).
Ses créations ont une portée politique (poursuite de la lutte pour les droits des noirs, refus du conservatisme de Nixon, Reagan et consorts – ou plutôt gougnafiers –, dénonciation précoce du contrôle des pensées par la télévision, devenue “objet pensant” de la démocratie).
Très tôt associé au claviériste-flûtiste (celle que l’on entend sur The Revolution Will Not Be Televised et The Bottle, entre autres) – producteur Brian Jackson, il va sculpter un son soul très funky qui le place dans la même sphère musicale que les Head Hunters et Herbie Hancock, Roy Ayers, Kool & the Gang “première manière”, Sly Stone ; tout en intégrant une variable jazz qui rend l’improvisation indispensable du happening “poético-musical”. Pour votre gouverne et parce que je regarde (ou plutôt, j’écoute !) là où sont les basses fréquences, c’est le grand Ron Carter qui tient la basse et la contrebasse sur l’album Pieces of a Man (1971).
Gil Scott-Heron a par ailleurs publié un roman (Le Vautour, en 1969, qu’Olivier Cohen a eu la bonne idée d’éditer, confiant la traduction française à Jean-Pierre Ménard) et des recueils de poèmes (The Nigger Factory, 1972 ; Now and Then : The Poems of Gil Scott-Heron, 2001 ; et So Far, So Good, 1990).
La discographie de Gil Scott-Heron étant particulièrement copieuse et reflétant la constance du travail de cet artiste, je ne la reproduis pas ici en intégralité, Wikipédia en propose une suffisamment détaillée.
En revanche, je ne peux que recommander l’écoute des trois premiers albums : Small Talk at 125th & Lenox (1970), Pieces of a man (1972), et Free Will (1973).
Enfin, le site français http://gilscottheron.free.fr est incontournable en la matière et donnera au plus grand nombre l’envie d’aller découvrir son œuvre sonore et écrite. Un article du site NewsForm par Florian aborde cette richesse de l’œuvre de Gil Scott-Heron.