Musique

Jean Albany

Jean Alba­ny (1917 – 1984) était un poète et peintre réunion­nais. On lui doit l’in­ven­tion de la notion de “créo­lie”. Après de brillantes études en France métro­po­li­taine à par­tir de 1937 (Doc­teur en droit, puis méde­cine et chi­rur­gie den­taire) et une mobi­li­sa­tion en 1942, il revien­dra sur son île de La Réunion natale, où il s’en­nuie­ra. L’homme let­tré aime Paris et son bouillon­ne­ment artis­tique. Il rejoin­dra La Réunion pour de courts séjours de vacances, au cours des­quels naî­tront des col­la­bo­ra­tions qui le tire­ront d’un cer­tain ano­ny­mat (avec l’as­so­cia­tion des écri­vains réunion­nais – l’A­DER, le poète Pier­rot Vidot, le musi­cien et com­po­si­teur Alain Péters).

De gauche à droite : Pier­rot Vidot, Car­pa­nin Mari­mou­tou, René Lacaille, Jean Alba­ny et Alain Péters. © Col­lec­tion Vil­lage Titan, fonds Takamba

Alors qu’il pra­tique la chi­rur­gie den­taire rue Lepic à Paris (18e arron­dis­se­ment), il écrit des recueils de poèmes d’a­bord en fran­çais, puis à par­tir des années 1970, sen­tant l’ur­gence de reve­nir à la langue mater­nelle créole, en créole réunion­nais (avec notam­ment Bleu Mas­ca­rin en 1969, qui inau­gure cette tran­si­tion vers l’é­cri­ture en créole). Quelques pho­to­gra­phies de 1978 montrent la com­pli­ci­té d’Al­ba­ny et Vidot, “pilant” un maloya dans son appar­te­ment pari­sien du 7 rue du Dra­gon, dans le quar­tier de Saint-Ger­main-des-Prés. La com­mu­nion de la créo­li­té résiste aux tra­ver­sées de l’océan.

Il recrée tout l’i­ma­gi­naire poé­tique exo­tique et mani­feste ain­si son atta­che­ment à la créo­lie dans cet exil choi­si, depuis son appar­te­ment de la rue du Dra­gon, en plein quar­tier Saint-Ger­main-de-Près. Ses œuvres poé­tiques sont en très grande par­tie publiées à compte d’au­teur, dans cette même rue. Cette œuvre, encore confi­den­tielle mais qui gagne à être davan­tage connue et étu­diée, nour­ri­ra cer­tai­ne­ment une his­toire lit­té­raire et cultu­relle de la Réunion à la fin du XXe siècle.

Droits réser­vés – ayants-droit de l’au­teur Jean Albany

En 1993, à la veille du 10e anni­ver­saire de sa mort, ses docu­ments pri­vés ain­si que sa biblio­thèque per­son­nelle sont “rapa­triés” à La Réunion. Alors que l’Ar­to­thèque de Saint-Denis lui consacre une expo­si­tion du 15 décembre 1994 au 15 février 1995, ce fonds est dépo­sé à l’« Espace Océan Indien » de la biblio­thèque uni­ver­si­taire, qui est char­gée de le conser­ver et de le com­mu­ni­quer au public qui sou­haite le consul­ter. Il a été clas­sé, inven­to­rié pen­dant plus de deux années par Jac­que­line Ric­que­bourg et Syl­vie Alba­ny. A noter que la consul­ta­tion doit faire l’ob­jet d’une auto­ri­sa­tion écrite auprès des ayants-droit. Cer­taines archives de publi­ca­tions à titre post­humes n’ont pas été retenues.

Le pro­fes­seur Serge Mei­tin­ger a publié en 2016 une ana­lyse géné­tique tex­tuelle de deux poèmes de Jean Alba­ny, pré­cé­dée d’un inven­taire du fonds. Une des­crip­tion nor­ma­li­sée du fonds est éga­le­ment dis­po­nible sur Calames, le cata­logue en ligne des archives et des manus­crits de l’en­sei­gne­ment supérieur.

Chaque ouvrage a fait l’ob­jet d’un dos­sier struc­tu­ré spé­ci­fique, tou­jours com­po­sé de six parties :

  1. Manus­crits et tapuscrits
  2. Maquette
  3. Presse
  4. Édi­tion et distribution
  5. Cor­res­pon­dance au sujet de l’ouvrage
  6. Divers

Voi­ci les recueils docu­men­tés dans cette archive littéraire :

  • Zamal (1951, 1980),
  • Miel vert (1963, 1966),
  • Bleu Mas­ca­rin (1969),
  • Bal Indi­go (1976),
  • Aux belles créoles (1977),
  • Fare Fare (1978),
  • Per­cale (1979),
  • Indiennes (1981),
  • Amour Oiseau Fou (post­hume, 1985)
  • Outre­mer (1966),
  • Archi­pels (1967),
  • Vavangue (1972)
  • P’tit glos­saire : le piment des mots créoles (1974)