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Le massage musical de Leon Ware
Leon Ware n’apparaît pas comme un nom familier pour qui n’est pas aussi monomaniaque que moi. Il n’en reste pas moins un remarquable compositeur, puisqu’il est l’orfèvre d’un de mes titres préférés interprétés par Marvin Gaye, I Want You. Ware, natif de Detroit (“Motor City”) employé par Berry Gordy (aux manettes de Motown), devait rester un faiseurs de chansons mais guère plus, comme en témoigna l’absence de promotion totale pour son premier opus solo, Musical Massage (1976). Avec I Want You, Marvin Gaye trouvait la transition idéale après un Let’s Get it on suave, enregistré entre les deux pôles Motown de l’époque (Detroit et Los Angeles). Si ce dernier…
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Black Octopus de Paul Jackson
Portrait à la japonaise pour cet opus produit au pays du soleil levant. Assez méconnu, il a été réédité récemment en CD alors que la cote du vinyle s’envole tant il devient rare. Jackson m’apparaît toujours comme l’antithèse d’un Jaco Pastorius, qui pose le cadre de la basse moderne. L’oméga de l’alpha, qui n’en luit pas moins pour autant. Là où le premier se caractérise par sa virtuosité d’exécution musicale (vitesse, technicité harmonique) et un son claquant haut-medium, le second renoue avec la crasse bassistique des graves syncopés pour nous offrir un funk-soul-jazz de luxe, alors que le seul maître à abord s’acquitte volontiers et de façon honorable de la…
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Hall & Oates : un son de batterie à 300$
“The cheaper, the better” (plus c’est bon marché, mieux c’est) est la devise qui pourrait grossièrement résumer cette anecdote de studio. On remonte à 1975, lorsque Daryl Hall et John Oates, les deux prolifiques compositeurs pop du duo Hall & Oates, enregistrent sur le fameux “Silver Album” le titre Sara Smile. Ce quatrième album, contrairement à ceux qu’ils sèmeront par la suite, notamment au cours des années 1980, reste profondément ancré dans un esprit R&B soft, celui qu’on désigne, même si le terme est assez galvaudé, par Blue-eyed Soul. C’est Barry Rudolph, ingénieur du son sur cette production, qui relate la façon dont la batterie a été enregistré sur ce…
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Afro-Beat, Basse, Batteur, Contrebasse, Disques, Fender, Figures De La Soul, Guitare, Hip Hop, Histoire de basses, Jazz, Musique
Le pouce de Fred Thomas
“Le faire jusqu’au trépas”, telle est la devise du big band soul produit et emmené par James Brown, The JB’S (Doing it to death), paru sur le label People en 1973. Les frères Phelps et Bootsy Collins ont déjà quitté le groupe en proie aux crises mégalomaniaques et au caractère dirigiste de Brown. Une note mal placée ou fausse et les musiciens hypersynchrones se voient congédiés. On retrouve les légendaires cuivres : Maceo Parker au saxophone ténor (qui organise la cordiale dissidence qui a produit parallèlement son exquis Maceo & All The King’s Men en 1970) et Fred Wesley au trombone diabolique. Que de pépites dans ce style soul-funk “primitif”, marqué…
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Tony Newton et la Motown Revue
Les années passent et, s’il on a fait sortir il y a une vingtaine d’années James Jamerson de l’ombre, ainsi que Bob Babbitt, les autres bassistes – leur rôle est central dans le “son” du snakepit – demeurent négligés, sinon oubliés. Certes, Wilton Felder est avant toute chose considéré pour et par sa virtuosité de saxophoniste et directeur musical des Crusaders. Il n’en demeure pas moins un excellent bassiste : outre ses lignes de basses occasionnelles pour Motown, il illumine le fameux live de 1972 de Grant Green, Live at the Lighthouse. Passons donc à un autre bassiste quasi inconnu, mais dont le propre site internet nous permet de découvrir son…
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Naissance d’une Höfner “violin bass”
C’est la “Beatle Bass” par excellence, celle que Paul McCartney acheta à Hambourg pour ne pas se ruiner dans l’achat d’une onéreuse Fender ou Rickenbacker estampillées “made in USA”. Stuart Sutcliffe, premier à tenir la basse dans les Silver Beatles devenus Beatles, avait déjà jeté son dévolu sur la demi-caisse Höfner President 500/5. Quand les scarabées décidèrent de retourner à Liverpool, Stuart Sutcliffe choisit de reprendre ses études d’arts, occasionnant la mutation de “Sir Paul” en bassiste de génie. McCartney débaucha un modèle gaucher qui ménagea alors sa tirelire de coureur de cachet au Cavern Club de Hambourg. Il commença par graver ses premières lignes de basse alors que Tony Sheridan…
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Silvertone 1448
C’est la guitare “mini” lancée en 1962 à destination des étudiants et portefeuilles modestes. Nancy Sinatra, dont les bottes sont faites pour marcher, prend de la vitesse, propulsée égérie de la production d’instruments électriques. Proposée à l’époque avec sa “valise amplificateur” d’une puissance de 5 watts à lampes (ce qui est déjà bien suffisant pour s’exercer dans sa chambre). Elle a trouvé sa voix notamment chez les guitaristes utilisant le bottleneck, où elle délivre tout le potentiel de son timbre flûté, inséparable de ses micros “lipstick”.
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Jazz @ la Villette 2012
C’est toujours un grand événement que je ne manque pas de relayer depuis les débuts du site. Et aussi, pour l’originalité du graphisme, année sur année.
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Charles Bradley à Paris
J’étais au concert de Charles Bradley, le soul man bourlingueur et ancien cuistot, qui connaît le succès à 62 ans. Repéré par Daptone Records, la fameuse maison de disque qui a déjà à son catalogue Lee Fields et Sharon Jones, Bradley forme un duo avec le guitariste/producteur Thomas Brenneck aussi prolifique que le tandem Otis Redding/Steve Cropper (j’en profite, pour saluer la mémoire de Donald “Duck” Dunn, le frétillant bassiste des MG’s). Un film biographique lui étant consacré devrait bientôt sortir. Stupéfait, je découvre que le titre No Time For Dreaming est une composition de Sir Joe Quarterman, artiste dont je vénère le LP Sir Joe Quarterman & Free Soul.…
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Donny Hathaway, Fender, Figures De La Soul, Funk, Guitare, Hip Hop, Jazz, Motown, Musique, P-Funk, Pianiste, Psychédélique, Rock, Roy Ayers, Théâtre, Wattstax
Saadiq, enfant prodige
Raphael Saadiq, par son passage à Paris (Olympia, 9 mars 2012), vient de montrer que ni sa célébrité ni ses ventes en têtes de gondoles de Fnac et autres Virgin n’avaient en rien entamé son aura. Le musicien est venu dans un premier temps nous présenter, lové dans un gros sweat à capuche et bonnet sur la tête, sa première partie, The Boogie. Groupe assez éloigné du style Saadiq s’il en est, c’est un groupe utilisant principalement des rythmiques synthétiques et samples (la guitare semblait purement décorative). La prestation tenait davantage du défilé de mode Galliano ou de la couverture des Inrocks que d’une jam blues/soul, sans compter une…