L’enregistrement d’Artaud et le droit d’auteur
Vu très récemment dans la partie “bibliothèque sonore” du site de la Revue des ressources : une lettre de Serge Malausséna, l’unique ayant-droit (il insiste là-dessus) survivant d’Antonin Artaud, rappelle les responsables de la revue aux principes de l’autorisation préalable dans le cas la divulgation et représentation de l’œuvre (l’œuvre n’étant pas tombée dans le domaine public, soit moins de 70 années post mortem).
Cet enregistrement est celui de Pour en finir avec le jugement de dieu, qui met en son ses textes qui sont lus par Maria Casarès, Roger Blin, Paule Thévenin et Artaud lui-même. Il s’agissait d’un enregistrement destiné à la radiodiffusion réalisé en novembre 1947.
Ce texte de génie halluciné reste cependant écoutable sur les sites de partage vidéo les plus connus.
Derrière cette requête, au sujet de laquelle l’ayant-droit a la loi pour lui concernant le droit d’auteur, s’ajoute un certain goût caricatural pour le rappel à l’ordre fondé sur le respect des droits patrimoniaux (i.e. : ne pas porter atteinte morale à l’œuvre de l’esprit). Une menue recherche montre l’homme opposé à Marc Dachy, notamment, spécialiste de Dada et fondateur de la revue Luna Park (et volontiers debordien) et la détermination de nuire à quiconque commente, édite, glose sur l’œuvre d’Artaud. En France, on n’aime pas les écarts, ni le compromis.
On peut se poser la question : encore un ayant-droit abusif ?
Les affaires de monsieur Malausséna ne sont pas sans rappeler les déboires de certains commentateurs, voire de certains éditeurs, avec la veuve de Guy Debord, Alice Becker-Ho (au passage : qu’est donc devenu le vieux site lnahooq.net qui abritait depuis la fin des années 1990 ces débats?).
Plus récemment (2008), Pierre Assouline s’est vu condamné pour diffamation pour avoir qualifié Maria Kodama, héritière de Jorge Luis Borges, de “veuve abusive”.
La culture, prochaine vedette américaine de tous les procès de France et de Navarre : et juridisation ad libitum…
