Tati : deux temps, trois mouvements

L’après-midi frais et pluvieux se prêtait bien à une déambulation dans la Cinémathèque française : j’ai pu profiter d’une légère affluence à l’exposition sur Jacques Tati (1907 – 1982), qui a lieu jusqu’au 3 août prochain.
C’est une belle exposition, sans prétention, qui laisse de la place aux matériaux (mobilier, costumes, néons, décors dont l’importance était presque plus grande que les acteurs eux-mêmes : Tati avait fini par utiliser des personnages contingents de carton comme figurants de Playtime, qui vient d’être restauré) et bien entendu à l’image – animée ou statique. Les commissaires d’exposition, en les personnes de Macha Makeieff (metteur en scène, créatrice des Deschiens avec son compagnon Jérôme Deschamps (1)) et Stéphane Goudet (critique et universitaire). Un dispositif visuel 6x1 téléviseur très original (chaque écran ne diffuse pas la même image) présente une conférence très ludique du “Professeur Goudet”, que l’on peut regarder assis sur une banquette vers pomme de chez les Arpel.
Sa collaboration avec des illustrateurs est apparaît au grand jour : Saul Steinberg (une des piliers du New Yorker avec l’irrévérencieux Art Spiegelman, aussi au panthéon de mes illustrateurs favoris), Pierre Étaix (voir le zoom sur les affiches qu’il a créées pour les films de Tati), Cabu (qui a réalisé les illustrations de présentation du film à la presse).
À savoir aussi : Sylvain Chomet, auteur-réalisateur des Triplettes de Belleville (2003), prépare le long-métrage L’Illusionniste, basé sur un script inachevé de Jacques Tati et Henri Marquet.
Comme le faisait remarquer Shigenobu Gonzalvez récemment, on peut s’indigner qu’aucun film de Pierre Étaix n’ait été diffusé dans ce cadre. Cependant, le conflit qui opposait Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière et Gavroche Productions s’est terminé ce 26 juin 2009 sur une victoire pour les premiers, qui ont récupéré les droits sur leurs œuvres. Les films vont pouvoir enfin reparaître.
Le site Web de l’exposition est assez riche, n’hésitez pas à le visiter, il propose par exemple une sélection de critiques publiées à la sortie des films de Tati (jamais que cinq films, tous excellents dans leur particularisme respectif)
(1) Les deux veillent désormais au rayonnement des films de Tati par l’association “Les films de mon oncle” – clin d’œil biographique double, puisque Tati est l’oncle de Deschamps).

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Filmographie (longs métrages)
1949 : Jour de fête
1953 : Les Vacances de Monsieur Hulot
1958 : Mon oncle
1967 : Playtime
1971 : Trafic
1974 : Parade
5 Comments
Martine ANTOINE
Je constate un certain questionnement sur la parenté supposée entre Jérôme DESCHAMPS et jacques TATI. Je fais partie de la famille française de Jacques TATI et il n’y a à ma connaissance pas de réel liens de parenté entre Jérôme DESCHAMPS et Jacques TATI.
Mon arrière grand père Maurice DELAHAYE et la mère de Jacques TATI, Marcelle VAN HOOF étaient cousins germains. Tous deux étaient les enfants de deux soeurs Claire et Thérèse RIZZI. Mes trois cousines, ainsi que mon frère et ma soeur nous nous sommes toujours étonnés d’une parenté affichée avec Jérôme DESCHAMPS : Odette (Nathalie) TATISCHEFF, la sœur de Jacques n’ayant pas eu d’enfant, Micheline WINTER la femme de Jacques TATI étant fille unique et nos cousins Pierre et Sophie TATISCHEFF étant décédés sans descendance. En ce qui concerne la fille anglaise de de Jacques TATI, nous sommes étonnées que Nathalie TATISCHEFF ne nous en ait pas parlé car c’est elle qui véhiculait principalement les informations au sein de la famillle.
Cette parenté réelle ou supposée n’est certainement pas plus étroite que la nôtre.
Que Sophie TATISCHEFF se soit alliée à Jérôme DESCHAMPS dans un souci d’efficacité pour valoriser l’œuvre profondément originale de son père me semble une chose et c’est certainement son droit.
Lire que Jérôme DESCHAMPS est le neveu (ou presque) de Jacques TATI est une contre vérité qui nous insupporte, d’autant plus que Jacques TATI a été très proche de ses cousines : ma grand mère paternelle et sa soeur et que nous avons tous des souvenirs de famille le concernant.
Il y a quelques années, via le site des Deschiens, j’ai pris contact avec Jérôme DESCHAMPS, ne serait-ce que pour obtenir des photocopies des papiers de famille qu’il détient, mais il n’a pas donné suite, ce que je déplore car ce sont les documents de famille qui m’intéressent.
Ce qui nous importe, c’est avant tout que l’œuvre de Jacques TATISCHEFF soit connue et reconnue dans sa profonde originalité et son atypisme très particulier. En ce qui concerne les droits des films de Jacques TATI, nous imaginons bien que Jérôme DESCHAMPS a pris toutes les protections juridiques lors du rachat de ces droits, opération qu’il a vraisemblablement montée avec Sophie TATISCHEFF, sans que ni l’un ni l’autre ne nous propose quoique ce soit, à nous qui sommes les parents vraisemblablement les plus proches.
Mais nous saluons tout ce qui est fait pour mettre en valeur l’œuvre et les travaux de notre cousin et nous sommes heureux que cette œuvre perdure via des projections de ses films ou des expositions., notamment celle de la cinémathèque que je compte bien voir.
Nous sommes à votre disposition pour étayer ces informations et répondre à d’éventuelles questions.
Nathalie MATHIEU-MARQUIS 85.170.88.20 (d) 10 juin 2009 à 09:40 (CEST) Martine ANTOINE
Jeremy Jeanguenin
Merci pour cet éclairage.
Joseph Spiel
La vérité au sujet de la famille de Jacques Tatischeff et de l’illusionniste. Tati a eu trois enfants, Helga Marie-Jeanne, Sophie et Pierre.
Joseph Spiel
http://www.nonfiction.fr/article-807-la_posterite_de_m_hulot.htm
FAYNER
Oui, je suis tout à fait d’accord avec Martine Antoine, car J.Tati m’avait dit aimé le travail de Jérome, mais n’avait jamais précisé une quelconque parenté. A la mort de J.Tati, j’avais voulu prendre contact avec Jérome, et ce, sans succès.
Précision : j’ai fréquenté la famille Tati, à St-Germain en Laye, des années 1967 à 1973, faisant passé le bac à Sophie et aidant Pierre dans ses études.